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|Le Président du Corcas dans un entretien au journal suédois "Arab News"

Khalihenna Ould Errachid, Président du Conseil Royal Consultatif des Affaires Sahariennes, a affirmé dans un entretien au journal suédois "Arab News", publié mardi dernier, que derrière le conflit qui se poursuit au sujet de la région du Sahara, il y a l’Algérie qui "ne permet pas au Polisario de signer un accord sur l’autonomie".

Elle fait cela dans le cadre de son pari d’être hégémonique en "Afrique du nord par le biais du Sahara".

L’entretien du Président du Corcas avec le journaliste suédois d’origine palestinienne, a porté aussi, sur les aspects historiques du conflit artificiel sur le Sahara marocain, ainsi que sur la bipolarisation idéologique entre les camps occidental et de l’est à l’époque de la guerre froide. Il a aussi porté sur l’initiative d’autonomie.

Dans ce qui suit le texte intégral de l’interview :

"L’Algérie ne permet pas au Polisario de signer un accord sur l’autonomie"

Après la recommandation du Parlement suédois de séparer le Sahara occidental du Maroc, ce qui consiste à diviser le pays, (le journal suédois) Arab News a abordé cette question à partir de la région concernée du Maroc. Nous y avons rencontré des représentants officiels de ce pays ainsi que les Sahraouis qui sont retournés au Sahara occidental depuis les camps de réfugiés en Algérie. Nous allons progressivement publier leurs entretiens dès le mois prochain pour tenter de faire la lumière sur cette question.

Notre première rencontre avec le Président du Conseil royal pour les Affaires Sahariennes, Khalihenna Ould Errachid, qui est de Laâyoune. Il (le Conseil) comprend également des Sahraouis des villes de Laâyoune, Tarfaya, Dakhla ainsi que les Bédouins nomades du Sahara occidental en général.

Mousa Almllahi: Arab News est heureux d'annoncer que nous sommes en visite au Maroc pour tenter de clarifier ce qui se passe au Sahara occidental. Pouvez-vous nous donner brièvement une description du contexte de la famille royale marocaine et la période coloniale française et espagnole.

Khalihenna Ould Errachid: en l’an 1630, les marocains ont fait un serment d’allégeance à la famille royale alaouite pour diriger le pays, en remplacement de la famille royale existant précédemment, "sadienne", qui s'est désintégrée en raison des luttes de pouvoir internes. En 1912, les puissances coloniales, la France et l'Espagne, ont déchu le roi et l'ont expulsé. Ils ont divisé le pays en plusieurs régions et les marocains se sont faits prisonniers dans leurs propres territoires entre l'océan Atlantique et la domination coloniale française en Algérie. 

La résistance marocaine contre le colonialisme français dans le centre du pays et l'espagnol dans le nord et le sud, s'est intensifiée après l'accord sur le partage du pouvoir en Afrique du Nord entre la Grande-Bretagne et la France.

En raison de l’implication britannique dans la Déclaration du Balfour sur la Palestine, il eût un échange avec le Maroc et l'Egypte. La position stratégique du détroit de Gibraltar a créé une situation de compétition autour du Maroc entre les puissances coloniales, ce qui a conduit à un accord secret ayant inversé les rôles. La Grande-Bretagne a choisi l'Egypte et la France a choisi le Maroc, et le contrôle du détroit de Gibraltar a été divisé entre les puissances coloniales impliquées, la Grande-Bretagne, la France et l'Espagne.

Mousa Almllahi: Quel était le contenu de ces accords, plus exactement?

Khalihenna Ould Errachid: Dans le cadre de ces accords secrets, la Grande-Bretagne a signé un traité secret avec l'Espagne, qui occupait la partie nord du Royaume du Maroc afin de compléter le contrôle du détroit de Gibraltar. Cette politique a été menée parce que la Grande-Bretagne voulait affaiblir la France en Afrique du Nord et empêcher son accès au détroit de Gibraltar, en lui « donnant des miettes », à l'exception de Tanger qui est devenue une zone internationale et la poursuite de l'occupation espagnole de Ceuta et Melilla ainsi que les îles marocaines de la Méditerranée.

Mousa Almllahi: Comment s’est organisée la résistance pendant ce temps?

Khalihenna Ould Errachid: Les marocains ont tout fait pour que cela ne soit pas une partie de plaisir pour les colons dès 1912 et jusqu'en 1934, quand une terrible guerre a éclaté au cours de cette période sombre de l'histoire, dans le vrai sens du terme. Les Français ont envoyé des renforts militaires de 600.000 soldats pour prendre le contrôle du centre du Maroc. L’Espagne devait aussi envoyer plus de 350.000 troupes afin de prendre le contrôle du nord et du sud. Le roi Mohammed-V a été exilé une première fois en Corse puis à Madagascar, jusqu'à la libération du Maroc grâce à de graves sacrifices de tous ses enfants. Tout le peuple marocain du sud du Sahara jusqu’aux régions du nord ont vite donné aux colons français et espagnol une bonne leçon de résistance, ce qui a finalement conduit à une reconstruction du Maroc.

Mousa Almllahi: Permettez-moi de vous demander, comment est survenue la question du Sahara et le Polisario?

Khalihenna Ould Errachid: Cette question date depuis peu (relativement), à partir de 1973. Elle était l'une des questions les plus épineuses dans le monde arabe causée par la tension et une lutte idéologique biscornue.

Comme le Maroc faisait partie de la nation arabe, le peuple marocain était ouvert aux Nassérisme, Baasisme, le régime Kadhafi et certaines organisations arabes d’extrême gauche avec des ambitions internationalistes, ce qui a conduit naturellement à un conflit intellectuel entre soi-disant progressistes et réactionnaires.

Le résultat a été des querelles politiques entre l'establishment au pouvoir au Maroc et la gauche avec ses larges alliances. Le Maroc était lié à l'Occident en raison de liens économiques. Ces opérations ont donné lieu à deux tentatives infructueuses d’attentat contre le roi Hassan II. La première eu lieu en 1971.

Elle a coûté la vie à près de 250 marocains, certains membres de l'armée ont attaqué une fête où de nombreux politiciens et intellectuels étaient invités. La seconde fois, c'était en 1972, le roi a failli être assassiné par Mohammed Oufkir qui était alors ministre de l'Intérieur.

En ces jours, j'étais moi-même étudiant au Maroc saharien. Après les tentatives d'assassinat contre le roi, les étudiants Sahraouis ont cru que la monarchie au Maroc tomberait tôt ou tard. C'est aussi ce que les ennemis de la monarchie pensaient du Maroc. Pendant ce temps, les étudiants sahraouis sympathisaient avec un front de gauche appelé « Ila AI Amam » (En avant) qui tentait de renverser la monarchie marocaine.

Mousa Almllahi: Vous avez donné aux Sahraouis une proposition d'autonomie. Qu’est ce que cela a permis ?

Khalihenna Ould Errachid: Ce conflit est lié à l'ambition de l'Algérie de contrôler l'Afrique du Nord à travers le Sahara où les institutions gouvernementales ne sont pas disponibles, l'initiative marocaine est de proposer aux sahraouis une autonomie sous souveraineté marocaine. Le Maroc est un pays d'institutions, d'histoire, c’est une société ayant une expérience démocratique, multiculturelle, en des dizaines d'organisations des droits de l'homme, ainsi qu’un système politique qui s’intègre au peuple et la géographie.

Malheureusement, l’Algérie ne permet pas au Front Polisario de signer un accord sur l'autonomie, malgré le fait que de nombreux habitants des camps de réfugiés à Tindouf en Algérie veulent cela. C’est la principale raison pour laquelle ce conflit artificiel continue.

Mousa Almllahi: Merci beaucoup pour cette interview.

Khali Henna Ould Errachid: C'est moi qui vous remercie.

- Actualité concernant la question du Sahara occidental/Corcas -


   
2013-07-02   Back Print
 

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